One of France's greatest poets, Arthur Rimbaud, is being immortalized on the streets of St. Germain des Pres. His 100-line verse poem, Le Bateau Ivre (The Drunken Boat)has been hand-painted on a wall off of St. Sulpice. Rimbaud was a mere sweet sixteen when he wrote the poem in a letter he sent to poet Paul Verlaine, who later became his lover.
A Dutch foundation, Tegen Beeld, specializes in painting poems on walls around the world and chose Le Bateau Ivre because Rimbaud wrote the poem in a nearby cafe.
4 rue Ferou, 75006
Metro: St. Sulpice
Here is the poem in French and below it, the English translation.
Le Bateau Ivre
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées
Moi l'autre hiver plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : Je sais le soir,
L'aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelque fois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très-antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulement d'eau au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés de punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...
Presque île, balottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur,
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fond que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ? -
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
The Drunken Boat
As I floated down impassive Rivers,
I felt myself no longer pulled by ropes:
The Redskins took my hauliers for targets,
And nailed them naked to their painted posts.
Carrying Flemish wheat or English cotton,
I was indifferent to all my crews.
The Rivers let me float down as I wished,
When the victims and the sounds were through.
Into the furious breakers of the sea,
Deafer than the ears of a child, last winter,
I ran! And the Peninsulas sliding by me
Never heard a more triumphant clamour.
The tempest blessed my sea-borne arousals.
Lighter than a cork I danced those waves
They call the eternal churners of victims,
Ten nights, without regret for the lighted bays!
Sweeter than sour apples to the children
The green ooze spurting through my hull’s pine,
Washed me of vomit and the blue of wine,
Carried away my rudder and my anchor.
Then I bathed in the Poem of the Sea,
Infused with stars, the milk-white spume blends,
Grazing green azures: where ravished, bleached
Flotsam, a drowned man in dream descends.
Where, staining the blue, sudden deliriums
And slow tremors under the gleams of fire,
Stronger than alcohol, vaster than our rhythms,
Ferment the bitter reds of our desire!
I knew the skies split apart by lightning,
Waterspouts, breakers, tides: I knew the night,
The Dawn exalted like a crowd of doves,
I saw what men think they’ve seen in the light!
I saw the low sun, stained with mystic terrors,
Illuminate long violet coagulations,
Like actors in a play, a play that’s ancient,
Waves rolling back their trembling of shutters!
I dreamt the green night of blinded snows,
A kiss lifted slow to the eyes of seas,
The circulation of unheard-of flows,
Sung phosphorus’s blue-yellow awakenings!
For months on end, I’ve followed the swell
That batters at the reefs like terrified cattle,
Not dreaming the Three Marys’ shining feet
Could muzzle with their force the Ocean’s hell!
I’ve struck Floridas, you know, beyond belief,
Where eyes of panthers in human skins,
Merge with the flowers! Rainbow bridles, beneath
the seas’ horizon, stretched out to shadowy fins!
I’ve seen the great swamps boil, and the hiss
Where a whole whale rots among the reeds!
Downfalls of water among tranquilities,
Distances showering into the abyss.
Nacrous waves, silver suns, glaciers, ember skies!
Gaunt wrecks deep in the brown vacuities
Where the giant eels riddled with parasites
Fall, with dark perfumes, from the twisted trees!
I would have liked to show children dolphins
Of the blue wave, the golden singing fish.
– Flowering foams rocked me in my drift,
At times unutterable winds gave me wings.
Sometimes, a martyr tired of poles and zones,
The sea whose sobs made my roilings sweet
Showed me its shadow flowers with yellow mouths
And I rested like a woman on her knees…
Almost an isle, blowing across my sands, quarrels
And droppings of pale-eyed clamorous gulls,
And I scudded on while, over my frayed lines,
Drowned men sank back in sleep beneath my hull!…
Now I, a boat lost in the hair of bays,
Hurled by the hurricane through bird-less ether,
I, whose carcass, sodden with salt-sea water,
No Monitor or Hanseatic vessel could recover:
Freed, in smoke, risen from the violet fog,
I, who pierced the red skies like a wall,
Bearing the sweets that delight true poets,
Lichens of sunlight, gobbets of azure:
Who ran, stained with electric moonlets,
A crazed plank, companied by black sea-horses,
When Julys were crushing with cudgel blows
Skies of ultramarine in burning funnels:
I, who trembled to hear those agonies
Of rutting Behemoths and dark Maelstroms,
Eternal spinner of blue immobilities,
I regret the ancient parapets of Europe!
I’ve seen archipelagos of stars! And isles
Whose maddened skies open for the sailor:
– Is it in depths of night you sleep, exiled,
Million birds of gold, O future Vigour? –
But, truly, I’ve wept too much! The Dawns
Are heartbreaking, each moon hell, each sun bitter:
Fierce love has swallowed me in drunken torpors.
O let my keel break! Tides draw me down!
If I want one pool in Europe, it’s the cold
Black pond where into the scented night
A child squatting filled with sadness launches
A boat as frail as a May butterfly.
Bathed in your languor, waves, I can no longer
Cut across the wakes of cotton ships,
Or sail against the pride of flags, ensigns,
Or swim the dreadful gaze of prison ships.
New Eye Prefer Paris Photos for Sale
I am happy to announce the sale of a new set of prints of my Eye Prefer Paris Photos. I am offering 20 of my most popular and iconic images for sale including my doors, architectural details, statues, and monuments. They will make great gifts for all your Francophile friends, relatives, and colleagues but don't forget to buy some for yourself.
Click here to see photos and for full details including sizes, prices, and shipping. Here is a sample of some of the photos.
New! Eye Prefer Paris Cooking Classes
I am happy to announce the launch of Eye Prefer Paris Cooking Classes. Come take an ethnic culinary journey with me and chef and caterer Charlotte Puckette, co-author of the bestseller The Ethnic Paris Cookbook (with Olivia Kiang-Snaije). First we will shop at a Paris green-market for the freshest ingredients and then return to Charlotte's professional kitchen near the Eiffel Tower to cook a three-course lunch. After, we will indulge in the delicious feast we prepared along with hand-selected wines.
Cost: 185 euros per person (about $240)
Time: 9:30AM- 2PM (approximately 4 1/2 hours)
Location: We will meet by a metro station close to the market
Class days: Tuesday,Wednesday, Thursday,Friday, Saturday, and Sunday
Minimum of 2 students, maximum 6 students.
Click here to sign up for the next class or for more info.
I am pleased as punch to announce the launch of Eye Prefer Paris Tours, which are 3-hour walking tours I will personally be leading. The Eye Prefer Paris Tour includes many of the places I have written about such as small museums & galleries, restaurants, cafes & food markets, secret addresses, fashion & home boutiques, parks, and much more.
Tours cost 195 euros for up to 3 people, and 65 euros for each additional person. I look forward to meeting you on my tours and it will be my pleasure and delight to show you my insiders Paris.
Check it out at www.eyepreferparistours.com
My all time favorite Rimbaud poem is "Le dormeur du val."
Posted by: bill | August 07, 2012 at 10:48 AM
Tres cool! I will have to go see that the next time. I was never really able to translate many of the phrases of that poem,... so I am glad to see the translation!
Posted by: anne | August 07, 2012 at 10:49 AM